Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1869, tome 6.djvu/279

Cette page a été validée par deux contributeurs.
281
SCÈNE XVIII.
pouser, — quand sa femme serait morte ; et moi, je consens à reposer près de lui, — quand je serai enterrée. Puisque ces Français sont si menteurs, — se marie qui voudra ! Je veux vivre et mourir vierge. — Toutefois, je ne vois aucun mal — à tricher, sous ce déguisement, un gagnant déloyal. —
Elle sort.

SCÈNE XVIII.
[Une tente dans le camp florentin. Sur une table un flambeau allumé]
Entrent les deux seigneurs français, suivis de deux ou trois soldats.
PREMIER SEIGNEUR.

Est-ce que vous ne lui avez pas donné la lettre de sa mère ?

DEUXIÈME SEIGNEUR.

Je la lui ai remise, il y a une heure ; il y a dedans quelque chose qui a secoué tout son être ; car, après l’avoir lue, il est devenu presque un autre homme.

PREMIER SEIGNEUR.

Il s’est attiré un blâme mérité en repoussant une épouse si bonne, une si gracieuse dame.

DEUXIÈME SEIGNEUR.

Il a encouru spécialement l’éternel déplaisir du roi, qui aurait tiré pour lui de son harmonieuse bonté toutes les mélodies du bonheur. Je vais vous dire une chose, mais vous la garderez ténébreusement pour vous.

PREMIER SEIGNEUR.

Quand vous l’aurez dite, elle sera morte et j’en serai le tombeau.