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TOUT EST BIEN QUI FINIT BIEN.

BERTRAND.

Bah ! vous croyez qu’il ne fera rien de ce qu’il a si sérieusement promis ?

PREMIER SEIGNEUR.

Rien du tout ; il reviendra avec quelque invention et il vous flanquera deux ou trois mensonges vraisemblables. Mais nous avons mis l’animal aux abois, et ce soir vous verrez sa chute ; car, en vérité, il ne mérite pas l’estime de Votre Seignerie.

DEUXIÈME SEIGNEUR.

Nous allons nous amuser du renard, avant de le dénuder. Il a déjà été roussi par le vieux seigneur Lafeu ; quand il sera dépouillé de sa peau d’emprunt, vous me direz à quel éperlan vous avez affaire. Voilà ce que vous verrez cette nuit même.

PREMIER SEIGNEUR.

Il faut que j’aille préparer mes piéges : il sera pris.

BERTRAND.

Quant à votre frère, il va venir avec moi,

PREMIER SEIGNEUR.

Comme il plaira à Votre Seigneurie ; je vous laisse.

Il sort.
BERTRAND.

— Maintenant je vais vous conduire dans la maison, et vous montrer — la fille dont je vous ai parlé.

DEUXIÈME SEIGNEUR.

— Mais vous dites qu’elle est honnête.

BERTRAND.

— C’est là son seul défaut. Je ne lui ai parlé qu’une fois, — et je l’ai trouvée merveilleusement froide ; je lui ai envoyé, — par ce même fat dont nous suivons la piste, — des présents et des lettres qu’elle m’a renvoyés ; — et c’est la tout ce que j’ai fait jusqu’ici. C’est une jolie créature. — Voulez-vous venir la voir.

DEUXIÈME SEIGNEUR.

Très-volontiers, monseigneur.

Ils sortent.