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TOUT EST BIEN QUI FINIT BIEN.

LA COMTESSE.

Pourquoi donc serait-il tué ?

LE CLOWN.

Il ne le sera pas, madame, s’il continue à s’enfuir, comme j’apprends qu’il l’a fait. Pour courir des risques, il faut que les combattants ne se débandent pas ; alors seulement il peut y avoir perte d’homme ou naissance d’enfant… Les voici ; ils vous en diront davantage ; pour ma part, tout ce que je sais, c’est que votre fils s’est enfui.

Il sort.
Entrent Hélène et deux gentilshommes.
PREMIER GENTILHOMME, à la Comtesse.

— Dieu vous garde ! madame.

HÉLÈNE.

— Madame, monseigneur est parti, parti pour toujours.

DEUXIÈME GENTILHOMME.

Ne dites pas cela…

LA COMTESSE.

— Armez-vous de patience… Pardon, messieurs… — J’ai éprouvé si souvent les alternatives de la joie et de la douleur — que ni l’une ni l’autre ne peuvent plus, au premier choc, — m’efféminer… Où est mon fils, je vous prie ?

DEUXIÈME GENTILHOMME.

— Madame, il est parti pour servir le duc de Florence : — nous l’avons rencontré en route. Nous venons nous-mêmes de ce pays, — et, après avoir remis quelques dépêches à la cour, — nous y retournons.

HÉLÈNE.

— Jetez les yeux sur cette lettre, madame ; voici mon passe-port.