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SCÈNE X.
cour. Mon Cupidon a la cervelle fêlée ; et je commence à aimer, comme un vieillard qui aime l’argent, sans ardeur !
LA COMTESSE.

Qu’avons-nous ici ?

LE CLOWN.

Ce que vous avez là.

Il sort.
LA COMTESSE, lisant.

« Je vous envoie une belle-fille ; elle a sauvé le Roi, et moi, elle m’a perdu. Je l’ai épousée, mais non possédée, et j’ai juré que ce Non du moins serait éternel. Vous entendrez dire que je me suis enfui ; sachez-le par moi, avant de l’apprendre par le bruit public. Si le monde est assez vaste, je veux maintenir entre elle et moi une large distance. »

« À vous mon hommage.
« Votre fils infortuné,
BERTRAND. »

— Tu as eu tort, jeune et intraitable étourdi, — de fuir les faveurs d’un si bon roi, — et d’attirer son indignation sur ta tête, en méprisant une fille trop vertueuse — pour être dédaignée d’un empereur. —

Rentre le Clown.
LE CLOWN.

Ô madame ! quelles tristes nouvelles nous arrivent avec ma jeune maîtresse et deux cavaliers !

LA COMTESSE.

Qu’y a-t-il ?

LE CLOWN.

Pourtant, il y a une consolation dans ces nouvelles, il y en a une : votre fils ne sera pas tué sitôt que je l’aurais cru.