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TOUT EST BIEN QUI FINIT BIEN.

BERTRAND.

— Quoi que j’aie juré tout à l’heure devant le prêtre solennel, — je ne l’admettrai pas dans mon lit.

PAROLES.

Quoi ? quoi donc, cher cœur ?

BERTRAND.

— Ô mon Paroles, ils m’ont marié ! — Je pars pour la guerre de Toscane ; jamais je ne l’admettrai dans mon lit !

PAROLES.

— La France est un chenil, elle ne mérite pas — d’être foulée par un homme. À la guerre !

BERTRAND.

— Voici des lettres de ma mère ; quel en est le contenu, — je ne le sais pas encore.

PAROLES.

— Il serait bon de le savoir. En guerre, mon enfant, en guerre ! — Il tient son honneur caché dans une boîte, — celui qui reste au logis à étreindre sa femelle légitime — et à dépenser dans ses bras la moelle virile — avec laquelle il soutiendrait si bien les bonds et le fier élan — de l’ardent coursier de Mars. À d’autres régions ! — La France est une étable ; et nous qui y demeurons, des rosses. — Ainsi, en guerre !

BERTRAND.

— Oui, il le faut… Je la renverrai chez moi ; — j’informerai ma mère de mon aversion pour elle — et de la cause de ma fuite ; j’écrirai au roi — ce que je n’ai pas osé lui dire. Le don qu’il vient de me faire — va m’équiper pour cette campagne italienne — où combattent tant de nobles gens. La guerre, c’est le calme, — à côté du sombre intérieur que nous fait une femme détestée !

PAROLES.

— Ce caprice te durera-t-il ? en es-tu sûr ?