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TOUT EST BIEN QUI FINIT BIEN.
— plutôt de menace que de violence, et garde ton ami — sous la clef de ta propre vie ; qu’on te reproche de te taire, jamais de parler ! Puissent toutes les grâces nouvelles — que le ciel voudra t’accorder ou que mes prières pourront lui arracher — pleuvoir sur ta tête ! Adieu !…
À Lafeu.

Monseigneur, — c’est un courtisan tout novice ; mon bon seigneur, — donnez-lui vos conseils.

LAFEU.

Il peut attendre les meilleurs — de mon dévouement pour lui.

LA COMTESSE.

Le ciel le bénisse !… Adieu, Bertrand. —

Elle sort.
BERTRAND, à Hélène.

Puissent les meilleurs souhaits que peut forger votre pensée se laisser atteindre par vous ! Soyez la consolation de ma mère, votre maîtresse, et prenez grand soin d’elle.

LAFEU.

Adieu, jolie dame, c’est à vous de soutenir le renom de votre père.

Bertrand et Lafeu sortent.
HÉLÈNE, seule.

— Oh ! s’il ne s’agissait que de cela !… Je ne pense pas à mon père, — et d’augustes larmes ont fait plus d’honneur à sa mémoire — que toutes celles que j’ai versées. Comment était-il ? — je l’ai oublié ; mon imagination — ne conserve d’autre image de celle de Bertrand. — Je suis perdue ! Non, il n’y a plus d’existence possible, — si Bertrand est loin de moi. Autant vaudrait — pour moi aimer quelque astre splendide — et songer à l’épouser : il est tellement au-dessus de moi ! — C’est