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SCÈNE X
chemin tu dois suivre ; si c’est le même que nous, — nous serons heureux de ta compagnie.
VINCENTIO.

— Beau sire, et vous, ma joyeuse dame, — qui m’avez si étrangement surpris par votre premier abord, — mon nom est Vincentio, ma demeure est à Pise, — et je me rends à Padoue pour y voir un mien fils que je n’ai pas vu depuis longtemps.

PETRUCHIO.

— Quel est son nom ?

VINCENTIO.

Lucentio, gentil sire.

PETRUCHIO.

— La rencontre est heureuse, surtout pour ton fils : — sache en effet que la loi, aussi bien que ton âge vénérable, — m’autorise à t’appeler mon père bien-aimé. — La sœur de ma femme, de cette dame que tu vois — a en ce moment épousé ton fils. N’en sois ni surpris ni affligé. Elle est de bonne renommée, — richement dotée et de naissance honorable ; — d’ailleurs, douée de telles qualités qu’elle serait la digne épouse du plus noble gentilhomme. — Embrassons-nous, vieux Vincentio, — et faisons route ensemble pour voir ton estimable fils — qui sera bien joyeux de ton arrivée.

VINCENTIO.

— Tout cela est-il vrai ou vous amusez-vous, en voyageurs goguenards, à faire des plaisanteries — aux gens que vous rencontrez ?

HORTENSIO.

Je t’assure, vieillard, que c’est la vérité !

PETRUCHIO.

— Allons ! viens avec nous pour t’en assurer toi-même. — Car je vois que notre premier badinage t’a rendu défiant.

Sortent Petruchio, Catharina et Vincentio.