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SCÈNE VIII.

HORTENSIO, à part.

— Je vois qu’elle n’aura probablement ni toque ni robe.

LE TAILLEUR.

— Vous m’avez commandé de la faire soigneusement — à la mode du jour.

PETRUCHIO.

— Oui, morbleu ! Mais si vous vous rappelez, — je ne vous ai pas dit de la gâter à la mode du jour. — Allons, enjambez-moi tous les ruisseaux jusque chez vous ; — vous n’emporterez pas ma pratique, messire. — Je ne veux pas de cela. Allez, faites-en ce qu’il vous plaira.

CATHARINA.

— Je n’ai jamais vu une robe de meilleure façon, — plus élégante, plus charmante, ni plus comme il faut. — Il paraît que vous voudriez faire de moi une poupée.

PETRUCHIO.

— C’est ma foi vrai, il voudrait faire de toi une poupée.

LE TAILLEUR.

— Elle dit que c’est Votre Seigneurie qui voudrait faire d’elle une poupée.

PETRUCHIO.

— Ô monstrueuse arrogance ! Tu mens, fil, — tu mens, dé, — tu mens, verge, trois-quarts, moitié et quart de verge, tu mens, clou, — puce, ciron, grillon d’hiver ! — Je serai bravé chez moi par un écheveau de fil ! — Arrière, oripeau, arrière, chiffre, arrière, reste ! — ou je vais te mesurer avec ta verge de manière — à te faire souvenir toute ta vie d’avoir bavardé ! — Je te dis, moi, que tu as gâté sa robe !

LE TAILLEUR.

— Votre Seigneurie est dans l’erreur ; — la robe est faite — juste comme mon maître avait injonction de la faire ; — c’est Grumio qui a donné les ordres.