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SCÈNE VI.

GRUMIO.

Non, je n’ai attrapé qu’un froid extrême. Du feu, donc !… Où est le cuisinier ? Le souper est-il prêt, la maison décorée, les nattes étendues, les toiles d’araignée balayées ? Les gens sont-ils dans leur futaine neuve et dans leurs bas blancs, et tous les officiers de bouche ont-ils leurs habits de noces ? Nos dames-jeannes sont-elles belles en dedans, et nos Jeannetons sont-elles belles en dehors ? Les tapis sont-ils posés et tout est-il en ordre ?

CURTIS.

Tout est prêt. Ainsi, je t’en prie, quoi de nouveau ?

GRUMIO.

D’abord, tu sauras que mon cheval est épuisé, et que mon maître et que ma maîtresse sont tombés.

CURTIS.

Comment ?

GRUMIO.

De leurs selles dans la boue. Ah ! c’est une longue histoire.

CURTIS.

Conte-nous-la, bon Grumio.

GRUMIO.

Approche ton oreille.

CURTIS.

La voici.

GRUMIO, lui donnant une giffle.

Tiens !

CURTIS.

C’est ce qui s’appelle sentir une histoire, ce n’est pas l’entendre.

GRUMIO.

C’est le moyen de rendre une histoire sensible. Cette taloche n’était que pour frapper à ton oreille et la prier d’écouter. Maintenant je commence. Imprimis, nous