Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1869, tome 6.djvu/135

Cette page a été validée par deux contributeurs.
137
SCÈNE V.
tirai que quand cela me plaira. — Il paraît que vous ferez un mari joliment maussade, — puisque déjà vous y allez si rondement.
PETRUCHIO.

— Oh ! calme-toi, Cateau ; je t’en prie, ne te fâche pas.

CATHARINA.

— Je veux me fâcher… Qu’est-ce que tu as donc à faire ? — Soyez calme, mon père, il restera tant que je voudrai.

GREMIO, à Baptista, montrant Petruchio.

— Oui, pardieu : il commence à se rendre.

CATHARINA.

— Messieurs, en avant pour le dîner de noces ! — Je vois qu’une femme risque d’être bernée, — si elle n’a pas le cœur de résister.

PETRUCHIO.

— Ces messieurs iront dîner, Catherine, comme tu le leur commandes… — Obéissez à la mariée, vous tous qui lui faites cortége ; allez au banquet, mettez-vous en liesse et faites bombance, — buvez à plein bord à sa virginité, — soyez gais jusqu’à la folie… ou allez à tous les diables ; — mais quant à Cateau, ma mie, elle va partir avec moi.

À Catharina.

— Allons, n’ayez pas l’air grognon, ne trépignez pas, ne vous effarez pas, ne vous irritez pas. — Je veux être maître de ce qui m’appartient. — Catharina est mon bien, ma chose, elle est ma maison, — mon mobilier, mon champ, ma grange, — mon cheval, mon bœuf, mon âne, mon tout.

Il met l’épée à la main.

La voilà ; y touche qui l’ose ! — Je mettrai à la raison le plus hardi — qui dans Padoue me barre le passage…