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SCÈNE V.
frappait du pied et pestait — comme si le vicaire avait voulu le berner. — Enfin, après plusieurs cérémonies, — il a demandé le vin : À votre santé  ! s’est-il écrié, comme — s’il avait été à bord buvant à ses camarades — après une tempête. Le muscat avalé, — il a jeté le fond de la coupe à la face du sacristain, — disant pour toute raison — que la barbe du bonhomme poussait rare et affamée — et semblait lui demander son reste tandis qu’il buvait. — Cela fait, il a pris la mariée par le cou — et lui a appliqué sur les lèvres un baiser si bruyant — que toute l’église lui a fait écho. — Moi, voyant cela, je me suis enfui de honte ; — et je sais que toute la procession arrive derrière moi. — Jamais on n’a vu mariage si extravagant. — Écoutez ! j’entends jouer les ménestrels.
Musique. Arrivent Petruchio, Catharina, Bianca, Baptista, Hortensio, Grumio et tous les invités.
PETRUCHIO.

— Messieurs et amis, je vous remercie pour vos peines ; — je sais que vous comptiez dîner aujourd’hui avec moi — et que vous aviez préparé un copieux repas de noces ; — mais malheureusement des affaires pressantes m’appellent loin d’ici, — et je dois en conséquence prendre congé de vous.

BAPTISTA.

— Est-il possible que vous veuillez partir ce soir ?

PETRUCHIO.

— Je dois partir aujourd’hui, avant que le soir vienne ; — n’en soyez pas étonnés ; si vous connaissiez mes raisons — vous me prieriez plutôt de partir que de rester. — Je remercie toute, l’honnête compagnie — qui a été témoin de mon union — avec la plus patiente, la plus douce et la plus vertueuse des femmes. — Dînez avec