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LA SAUVAGE APPRIVOISÉE.
tes, craignant que vous ne vinssiez pas ; — à présent nous sommes encore plus tristes de vous voir venu en si triste état. — Fi ! ôtez ces vêtements qui font honte à votre rang — et tache à notre fête solennelle.
TRANIO.

— Et dites-nous quel sérieux motif — vous a si longtemps retenu loin de votre femme — et vous a fait venir si différent de vous-même.

PETRUCHIO.

— Ce serait chose fastidieuse à dire et désagréable à entendre. — Il vous suffira de savoir que je suis venu pour tenir ma promesse, — malgré quelques excentricités forcées — que, dans un moment plus opportun, j’excuserai — à vos yeux par les raisons les plus satisfaisantes. — Mais où donc est Catharina ? Je suis trop longtemps loin d’elle ; — la matinée s’écoule ; nous devrions déjà être à l’église.

TRANIO.

— Ne vous présentez pas à votre fiancée sous ce costume irrévérend ; — allez dans ma chambre mettre des vêtements à moi.

PETRUCHIO.

— Je n’en ferai rien, croyez-moi, c’est ainsi que je veux la voir.

BAPTISTA.

— Mais ce n’est pas ainsi, je pense, que vous voulez vous marier.

PETRUCHIO.

— Si fait, vive Dieu ! Ainsi trêve de discours. — C’est moi qu’elle épouse et non mes habits. — Si je pouvais réparer ce qu’elle usera en moi — aussi facilement que je puis changer ce pauvre accoutrement, — Catharina s’en trouverait bien et moi mieux encore. — Mais quel imbécile je suis de jaser avec vous, — quand je devrais