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LA SAUVAGE APPRIVOISÉE.

BAPTISTA.

Il suffit, messieurs. — Voici ma résolution. Vous savez que dimanche prochain — ma fille Catherine doit se marier ; eh bien, le dimanche suivant,

À Tranio.
vous épouserez — Bianca, si vous obtenez la garantie de votre père ; — sinon, elle est au signor Gremio. — Et sur ce, je prends congé de vous en vous remerciant tous deux.
Il sort.
GREMIO.

— Adieu, cher voisin…

À Tranio.

Maintenant, je ne vous crains pas ; — morbleu, jeune farceur, votre père serait bien niais — de vous donner tout ce qu’il a, pour que, sur ses vieux jours, — vous le renvoyiez au bas-bout de la table. Bah ! c’est un enfantillage ! — Un vieux renard italien n’est pas si débonnaire, mon garçon.

Il sort.
TRANIO, seul.

— Peste soit de ta peau flétrie, vieux malin ! — Heureusement que j’ai riposté par le plus gros atout ! — Je me suis mis en tête de faire le bien de mon maître ; — je ne vois pas pourquoi le prétendu Lucentio — ne se ferait pas un prétendu père appelé Vincentio. — Chose merveilleuse ! ordinairement, ce sont les pères — qui font leurs enfants ; mais, dans ce cas amoureux, — grâce à mon adresse, c’est l’enfant qui fait le papa !

Il sort.