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LA SAUVAGE APPRIVOISÉE.
faible vent ne fait que grandir une faible flamme, — mais l’ouragan furieux éteint un incendie. — C’est un ouragan que je serai pour elle, et il faudra bien qu’elle me cède ; — car je suis énergique et je ne fais pas ma cour en enfant.
BAPTISTA.

— Puisses-tu lui faire la cour, et puisses-tu réussir ! Mais ne sois pas désarmé par quelques malheureux mots.

PETRUCHIO.

— Je suis à l’épreuve, comme les montagnes que les vents — ne sauraient ébranler, quand ils souffleraient continuellement.

Rentre Hortensio, la tête en sang.
BAPTISTA.

— Eh bien, mon ami, pourquoi donc es-tu si pâle ?

HORTENSIO.

— Si je suis pâle, c’est de peur, je vous assure.

BAPTISTA.

— Quoi ? est-ce que ma fille ne ferait pas une bonne musicienne ?

HORTENSIO.

— Je crois qu’elle fera plutôt un soldat : — le fer peut résister avec elle, mais pas les luths.

BAPTISTA.

— Comment tu ne peux donc la rompre au luth ?

HORTENSIO.

— Certes, non ; car c’est elle qui a rompu le luth sur moi. — Je lui disais simplement qu’elle se trompait de touches, — et je lui pliais la main pour lui apprendre le doigté, — quand, dans un accès d’impatience diabolique : — Des touches, s’écrie-t-elle, vous appelez ça des touches ? Eh bien, je vais les faire jouer ! — et à ces mots, elle m’a frappé si fort sur la tête — que mon crâne a