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LA SAUVAGE APPRIVOISÉE.

HORTENSIO.

— La motion est bonne, en effet. Ainsi soit-il ! — Petruchio, je serai votre benvenuto.

Ils sortent.

SCÈNE III.
[Toujours à Padoue, chez Baptista.]
Entre Catharina traînant Bianca.
BIANCA.

— Bonne sœur, ne me faites, ne vous faites pas à vous-même l’injure — de me traiter en prisonnière et en esclave ; — je trouve cela indigne ; quant à cette garniture, — lâchez-moi les mains, et je vais l’arracher, — même, j’ôterai toute ma parure, jusqu’à ma jupe ! — Oui, tout ce que vous me commanderez, je le ferai, — tant je connais mes devoirs envers mon aînée.

CATHARINA.

— Entre tous tes galants, je te somme de me dire — celui que tu aimes le mieux ; songe à ne rien dissimuler.

BIANCA.

— Croyez-moi, ma sœur, parmi tous les hommes vivants — je n’ai pas encore vu un visage spécial — que je puisse préférer à un autre.

CATHARINA.

— Mignonne, tu mens ! n’est-ce pas Hortensio ?

BIANCA.

— Si vous avez du goût pour lui, ma sœur, je vous jure — que je plaiderai moi-même pour vous, afin que vous l’obteniez.

CATHARINA.

— Oh ! c’est qu’apparemment vous préférez la richesse, — vous voulez avoir Gremio pour qu’il vous fasse belle !