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Scène II.

GREMIO.

— Oui, laissons cette tâche à ce grand Hercule, et elle dépassera les douze travaux d’Alcide.

PETRUCHIO.

— Monsieur, comprenez bien ce que je vais vous dire. — La cadette, à laquelle vous aspirez, — est soustraite à tous les galants par son père, — qui ne veut pas la promettre à qui que ce soit, — avant que sa sœur aînée soit mariée. — Elle sera libre alors, mais pas avant.

TRANIO.

— S’il en est ainsi, monsieur, si vous êtes l’homme — qui doit nous rendre à tous, à moi comme aux autres, un tel service, — si vous rompez la glace, si vous accomplissez cet exploit — de conquérir l’aînée en nous ouvrant accès — auprès de la cadette, celui qui aura le bonheur de la posséder — ne sera certes pas disgracieux au point d’être ingrat envers vous.

HORTENSIO.

— Vous parlez bien, monsieur, et vous pensez bien ; — puisque vous déclarez vous mettre sur les rangs, — vous devez, ainsi que nous, vous montrer reconnaissant envers ce gentilhomme — à qui nous sommes tous également obligés.

TRANIO.

— Monsieur, je ne lésinerai pas ; pour commencer, — je vous propose de passer ensemble cette après-midi — et de vider les verres à la santé de notre maîtresse. — Faisons comme les avocats, qui, adversaires acharnés devant le juge, — n’en vont pas moins manger et boire ensemble comme des amis.

GREMIO ET BIONDELLO.

— Oh ! l’excellente motion ! Camarades, partons.