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SCÈNE III.

CHARMION.

— Madame, il me semble que, si vous l’aimez tendrement, — vous ne prenez pas le moyen de le forcer — à la réciprocité.

CLÉOPÂTRE.

Ne fais-je pas ce que je dois ?

CHARMION.

— Cédez-lui en tout ; ne le contrariez en rien.

CLÉOPÂTRE.

— Tu enseignes en vraie niaise ; ce serait le moyen de le perdre.

CHARMION.

— Ne le poussez pas trop à bout ; modérez-vous, je vous prie ; — nous finissons par haïr ce que trop souvent nous craignons. — Mais voici Antoine.

Entre Antoine.
CLÉOPÂTRE.

Je suis malade et triste.

ANTOINE.

— Je suis désolé de donner souffle à ma résolution…

CLÉOPÂTRE.

— Aide-moi à sortir, chère Charmion, je vais tomber… — Cela ne peut pas durer longtemps ainsi ; les flancs d’une créature — ne sauraient y résister.

ANTOINE, se rapprochant.

Eh bien, ma très-chère reine…

CLÉOPÂTRE.

— Je vous en prie, tenez-vous plus loin de moi.

ANTOINE.

Qu’y a-t-il ?

CLÉOPÂTRE.

— Je lis dans ces yeux-là qu’on a de bonnes nouvelles.