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ANTOINE ET CLÉOPÂTRE, ROMÉO ET JULIETTE.

(54) Un passage d’une comédie de mœurs écrite par Decker et Webster explique parfaitement pourquoi Roméo demande à porter la torche au milieu de la joyeuse réunion : « il est juste comme un porte-torche dans une mascarade, il porte de beaux habits, se mêle à la bonne compagnie, mais ne fait rien. » Westward Hoë (1607).

(55) Ce dialogue de douze vers entre Mercutio et Roméo (depuis ces mots : Vous êtes amoureux, jusqu’à ceux-ci : Écorchez l’amour qui vous écorche, vous le dompterez) manque à l’édition de 1597.

(56) La pièce originale ne contient pas les trois vers qui précèdent.

(57) Voici, telle que nous la présente l’édition de 1597, l’ébauche de cette merveilleuse peinture faite par Mercutio :

MERCUTIO.

— Ah ! je le vois bien, la reine Mab vous a fait visite.

BENVOLIO.

— La reine Mab ? qui donc est-elle ?

MERCUTIO.

— Elle est la fée accoucheuse et elle arrive, — pas plus grande qu’une agate à l’index d’une bourgmestre, — traînée par un attelage de petits atomes — à travers les nez des hommes, quand ils gisent endormis. — Les rayons des roues de son char sont faits de fils d’araignée, — la capote d’ailes de sauterelles ; — les rênes sont d’humides rayons de lune ; — les harnais des os de grillon ; la corde de son fouet un fil de la vierge. — Son cocher est un petit cousin en livrée grise, — moins gros de moitié qu’une menue vermine — tirée du doigt paresseux d’une servante. — C’est de cette façon qu’elle galope en tous sens — à travers les cerveaux des amants qui alors rêvent d’amour, — sur les genoux des courtisans qui rêvent aussitôt de courtoisies, — sur les lèvres des dames qui rêvent de baisers aussitôt. — Ces lèvres, Mab les crible souvent d’ampoules, — irritée de ce que leur haleine est gâtée par quelque pommade ! Tantôt elle galope sur les genoux d’un légiste, — et alors il rêve qu’il flaire un procès ; — tantôt elle vient avec la queue d’un cochon de la dîme — chatouiller la narine d’un curé endormi, — et vite il rêve d’un autre bénéfice ; tantôt elle galope sur le nez d’un soldat, — et alors il rêve de gorges ennemies coupées, — de brèches, d’embuscades, de contremines, — de rasades profondes de cinq brasses, et puis de tambours battant à son oreille ; sur quoi il tressaille, s’éveille, — jure une prière ou deux et se rendort. — C’est cette Mab qui force les filles à se coucher sur