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NOTES.

tel était l’accoutrement que soulaient porter les rois successeurs d’Alexandre le Grand. Ainsi après que ses enfants eurent fait la révérence et baisé leur père et mère, incontinent une troupe de gardes arméniens, attitrés expressément, en environna l’un, et une de Macédoniens l’autre. Quant à Cléopatra elle vêtait l’accoutrement sacré de la déesse Isis et donnait audience à ses sujets comme une nouvelle Isis. Cæsar rapportant ces choses au sénat, et l’en accusant souventefois devant tout le peuple romain, fit tant qu’il irrita tout le monde contre lui. Antonius de l’autre côté envoya à Rome pour le contre-charger et accuser aussi : mais les principaux points des charges étaient qu’ayant dépouillé Sextus Pompéius de la Sicile, il ne lui avait point baillé sa part de l’île : secondement, qu’il ne lui rendait point les navires et vaisseaux qu’il avait empruntés de lui pour cette guerre : tiercement, qu’ayant débouté Lépidus leur compagnon au triumvirat de sa part de l’empire, et l’ayant destitué de tous honneurs, il retenait par devers lui la personne, les terres et revenus d’icelles qui lui avaient été assignées pour sa part, et après tout qu’il avait presque distribué à ses gendarmes toute l’Italie et n’en avait rien laissé aux siens. Cæsar lui répondait, quant à Lépidus, qu’il l’avait déposé voirement, et privé de sa part de l’empire, pour autant qu’il en abusait outrageusement : et quant à ce qu’il avait conquis par les armes, qu’il en ferait volontiers part à Antonius, pourvu qu’il lui fit aussi le semblable de l’Arménie ; quant à ses gens de guerre, qu’ils ne devaient rien quereller en Italie pour autant qu’ils possédaient la Médie et la Parthe, lesquels ils avaient ajoutées à l’Empire Romain, en combattant vaillamment avec leur Empereur. »

(17) « Après donc que Cæsar eut suffisamment fait ses apprêts, il fit publiquement décerner la guerre contre Cléopatra et abroger la puissance et l’empire d’Antonius, attendu qu’il l’avait préalablement cédé à une femme. Et disait davantage Cæsar qu’Antonius n’était pas maître de soi, mais que Cléopatra par quelques charmes et poisons amatoires l’avait fortrait de son bon sens, et que ceux qui leur feraient la guerre, seraient un Mardian eunuque, un Photinus, une Iras, femme de chambre de Cléopatra qui lui accoutrait ses cheveux, et une Charmion, lesquelles maniaient les principales affaires de l’empire d’Antonius. »

(18) « Antonius était si abbêti et si asservi au vouloir d’une femme que, combien qu’il fût de beaucoup le plus fort par terre, il voulut néanmoins que l’affaire se vidât par un combat de mer pour