Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 7.djvu/378

Cette page a été validée par deux contributeurs.
374
ROMÉO ET JULIETTE.

mener — et de la recueillir dans ma cellule — jusqu’à ce qu’il me fût possible de prévenir Roméo. — Mais quand je suis arrivé, quelques minutes avant le moment — de son réveil, j’ai trouvé ici — le noble Pâris et le fidèle Roméo prématurément couchés dans le sépulcre. — Elle s’éveille, je la conjure de partir — et de supporter ce coup du ciel avec patience… — Aussitôt un bruit alarmant me chasse de la tombe ; — Juliette, désespérée, refuse de me suivre, — et c’est sans doute alors qu’elle s’est fait violence à elle-même. — Voilà tout ce que je sais. La nourrice était dans le secret — de ce mariage. Si dans tout ceci quelque malheur — est arrivé par ma faute, que ma vieille vie — soit sacrifiée, quelques heures avant son épuisement, — à la rigueur des lois les plus sévères.

LE PRINCE.

— Nous t’avons toujours connu pour un saint homme… — Où est le valet de Roméo ? qu’a-t-il à dire ?

BALTHAZAR.

— J’ai porté à mon maître la nouvelle de la mort de Juliette ; — aussitôt il a pris la poste, a quitté Mantoue — et est venu dans ce cimetière, à ce monument. — Là, il m’a chargé de remettre de bonne heure à son père la lettre que voici, — et, entrant dans le caveau, m’a ordonné sous peine de mort — de partir et de le laisser seul.

LE PRINCE, prenant le papier que tient Balthazar.

— Donne-moi cette lettre, je veux la voir… — Où est le page du comte, celui qui a appelé le guet ? — Maraud, qu’est-ce que ton maître a fait ici ?

LE PAGE.

— Il est venu jeter des fleurs sur le tombeau de sa fiancée — et m’a dit de me tenir à l’écart, ce que j’ai fait.