— J’ai presque peur de rester seul — ici dans le cimetière ; pourtant je me risque.
— Douce fleur, je sème ces fleurs sur ton lit nuptial, — dont le dais, hélas ! est fait de poussière et de pierres ; — je viendrai chaque nuit les arroser d’eau douce, — ou, à son défaut, de larmes distillées par des sanglots ; — oui, je veux célébrer tes funérailles — en venant, chaque nuit, joncher ta tombe et pleurer (131).
— Le page m’avertit que quelqu’un approche. — Quel est ce pas sacrilége qui erre par ici la nuit — et trouble les rites funèbres de mon amour ? — Eh quoi ! une torche !… — Nuit, voile-moi un instant.
— Donne-moi cette pioche et ce crocheteur d’acier.
— Tiens, prends cette lettre ; demain matin, de bonne heure, — aie soin de la remettre à mon seigneur et père… — Donne-moi la lumière. Sur ta vie, voici mon ordre : — quoi que tu voies ou entendes, reste à l’écart — et ne m’interromps pas dans mes actes. — Si je descends dans cette alcôve de la mort, — c’est pour contempler les traits de ma dame, — mais surtout pour dé-