— Allons, fenêtre, laissez entrer le jour et sortir ma vie.
— Adieu, adieu ! un baiser, et je descends.
— Te voilà donc parti ? amour, seigneur, époux, ami ! — Il me faudra de tes nouvelles à chaque heure du jour, — car il y a tant de jours dans une minute ! — Oh ! à ce compte-là, je serai bien vieille, — quand je reverrai mon Roméo.
— Adieu ! je ne perdrai pas une occasion, — mon amour, de t’envoyer un souvenir.
— Oh ! crois-tu que nous nous rejoindrons jamais ?
— Je n’en doute pas : et toutes ces douleurs feront — le doux entretien de nos moments à venir.
— Ô Dieu ! j’ai dans l’âme un présage fatal. — Maintenant que tu es en bas, tu m’apparais — comme un mort au fond d’une tombe. — Ou mes yeux me trompent, ou tu es bien pâle.
— Crois-moi, amour, tu me sembles bien pâle aussi. — L’angoisse aride boit notre sang. Adieu ! adieu !
— Ô fortune ! fortune ! tout le monde te dit capricieuse ! — Si tu es capricieuse, qu’as-tu à faire avec un homme d’aussi illustre constance ? Fortune, soit capri-