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SCÈNE XII.
coup revient sur Roméo, — qui depuis un instant n’écoute plus que la vengeance. — Leur lutte a été un éclair, car, avant que — j’aie pu dégainer pour les séparer, le fougueux Tybalt était tué. — En le voyant tomber, Roméo s’est enfui. — Que Benvolio meure si telle n’est pas la vérité (97) !
LADY CAPULET, désignant Benvolio.

— Il est parent des Montagues ; — l’affection le fait mentir, il ne dit pas la vérité (98) ! — Une vingtaine d’entre eux se sont ligués pour cette lutte criminelle, — et il a fallu qu’ils fussent vingt pour tuer un seul homme ! — Je demande justice, fais-nous justice, prince. — Roméo a tué Tybalt ; Roméo ne doit plus vivre.

LE PRINCE.

— Roméo a tué Tybalt, mais Tybalt a tué Mercutio : — qui maintenant me payera le prix d’un sang si cher ?

MONTAGUE.

— Ce ne doit pas être Roméo, prince, il était l’ami de Mercutio. — Sa faute n’a fait que terminer ce que la loi eût tranché, — la vie de Tybalt.

LE PRINCE.

Et, pour cette offense, — nous l’exilons sur-le-champ. — Je suis moi-même victime de vos haines ; — mon sang coule pour vos brutales disputes ; — mais je vous imposerai une si rude amende — que vous vous repentirez tous du malheur dont je souffre. — Je serai sourd aux plaidoyers et aux excuses ; — ni larmes ni prières ne rachèteront les torts ; — elles sont donc inutiles. Que Roméo se hâte de partir ; — l’heure où on le trouverait ici serait pour lui la dernière. — Qu’on emporte ce corps et qu’on défère à notre volonté : — la clémence ne fait qu’assassiner en pardonnant à ceux qui tuent (99).