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ROMÉO ET JULIETTE.

LA NOURRICE.

— Va, fillette, va ajouter d’heureuses nuits à tes heureux jours.

Tous sortent.

SCÈNE IV.
[Une place sur laquelle est située la maison de Capulet.]
Entrent Roméo, costumé en pélerin ; Mercutio, Benvolio, avec cinq ou six masques ; des gens portant des torches et des musiciens.
ROMÉO.

— Voyons, faut-il prononcer un discours pour nous excuser — ou entrer sans apologie ?

BENVOLIO.

— Ces harangues prolixes ne sont plus de mode. — Nous n’aurons pas de Cupidon aux yeux bandés d’une écharpe, portant un arc peint à la tartare, — et faisant fuir les dames comme un épouvantail ; pas de prologue appris par cœur et mollement débité — à l’aide d’un souffleur pour préparer notre entrée. — Qu’ils nous estiment dans la mesure qu’il leur plaira ; — nous leur danserons une mesure, et nous partirons.

ROMÉO.

— Qu’on me donne une torche ! Je ne suis pas en train de gambader ! — Sombre comme je suis, je veux porter la lumière (54).

MERCUTIO.

— Ah ! mon doux Roméo, nous voulons que vous dansiez.

ROMÉO.

— Non, croyez-moi : vous avez tous la chaussure de bal — et le talon léger : moi, j’ai une âme de plomb — qui me cloue au sol et m’ôte le talent de remuer.