Non, cousin : je pleurerais plutôt.
— Bonne âme !… et de quoi ?
De voir ta bonne âme si accablée.
Oui, tel est l’effet de la sympathie. — La douleur ne pesait qu’à mon cœur, et tu veux l’étendre sous la pression — de la tienne : cette affection que tu me montres — ajoute une peine de plus à l’excès de mes peines. — L’amour est une fumée de soupirs ; — dégagé, c’est une flamme qui étincelle aux yeux des amants ; — comprimé, c’est une mer qu’alimentent leurs larmes (44). — Qu’est-ce encore ? La folie la plus raisonnable, — une suffocante amertume, une vivifiante douceur !… — Au revoir, mon cousin.
Doucement, je vais vous accompagner : — vous me faites injure en me quittant ainsi.
— Bah ! je me suis perdu moi-même ; je ne suis plus ici ; — ce n’est pas Roméo que tu vois, il est ailleurs.
— Dites-moi sérieusement qui vous aimez.
— Sérieusement ? Roméo ne peut le dire qu’avec des sanglots.