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ROMÉO ET JULIETTE.
se fait une nuit artificielle. — Ah ! cette humeur sombre lui sera fatale, — si de bons conseils n’en dissipent la cause.
BENVOLIO.

— Cette cause, la connaissez-vous, mon noble oncle ?

MONTAGUE.

— Je ne la connais pas et je n’ai pu l’apprendre de lui.

BENVOLIO.

— Avez-vous insisté près de lui suffisamment ?

MONTAGUE.

— J’ai insisté moi-même, ainsi que beaucoup de mes amis ; — mais il est le seul conseiller de ses passions ; — il est l’unique confident de lui-même, confident peu sage peut-être, — mais aussi secret, aussi impénétrable, — aussi fermé à la recherche et à l’examen — que le bouton qui est rongé par un ver jaloux — avant de pouvoir épanouir à l’air ses pétales embaumés — et offrir sa beauté au soleil ! — Si seulement nous pouvions savoir d’où lui viennent ces douleurs, — nous serions aussi empressés pour les guérir que pour les connaître.

Roméo paraît à distance.
BENVOLIO.

— Tenez, le voici qui vient. Éloignez-vous, je vous prie, — ou je connaîtrai ses peines, ou je serai bien des fois refusé.

MONTAGUE.

— Puisses-tu, en restant, être assez heureux — pour entendre une confession complète !… Allons, madame, partons !

Sortent Montague et lady Montague.
BENVOLIO.

— Bonne matinée, cousin !