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ROMÉO ET JULIETTE.

SAMSON.

Quand un chien de cette maison-là m’émeut, je tiens ferme. Je suis décidé à prendre le haut du pavé sur tous les Montagues, hommes ou femmes.

GRÉGOIRE.

Cela prouve que tu n’es qu’un faible drôle ; les faibles s’appuient toujours au mur.

SAMSON.

C’est vrai ; et voilà pourquoi les femmes étant les vases les plus faibles, sont toujours adossées au mur ; aussi, quand j’aurai affaire aux Montagues, je repousserai les hommes du mur et j’y adosserai les femmes.

GRÉGOIRE.

La querelle ne regarde que nos maîtres et nous, leurs hommes.

SAMSON.

N’importe ! je veux agir en tyran. Quand je me serai battu avec les hommes, je serai cruel avec les femmes. Il n’y aura plus de vierges !

GRÉGOIRE.

Tu feras donc sauter toutes leurs têtes ?

SAMSON.

Ou tous leurs pucelages. Comprends la chose comme tu voudras.

GRÉGOIRE.

Celles-là comprendront la chose, qui la sentiront.

SAMSON.

Je la leur ferai sentir tant que je pourrai tenir ferme, et l’on sait que je suis un joli morceau de chair.

GRÉGOIRE.

Il est fort heureux que tu ne sois pas poisson ; tu aurais fait un pauvre merlan. Tire ton instrument ; en voici deux de la maison de Montague.

Ils dégainent.