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SCÈNE XXXVIII.

Appliquant un autre aspic à son bras.

Allons, je veux te prendre, toi aussi… — Pourquoi resterais-je…

Elle expire.
CHARMION.

— Dans ce monde désert ?… Adieu donc !… — Maintenant, ô mort ! tu peux te vanter d’avoir en ta possession — une créature incomparable !…

Lui fermant les yeux.

Rideaux frangés, fermez-vous ! — Et puisse le dieu d’or Phébus ne jamais être contemplé — d’un regard si royal !… Votre couronne est de travers ; — je vais la redresser, et puis je prendrai congé.

Entrent précipitamment plusieurs gardes.
PREMIER GARDE.

— Où est la reine ?

CHARMION.

Parlez doucement, ne l’éveillez pas.

PREMIER GARDE.

— César a envoyé…

CHARMION.

Un messager trop lent.

Elle s’applique un aspic.

— Oh ! viens ! vite ! dépêche ! Je te sens déjà.

PREMIER GARDE.

— Arrivez vite, holà ! il y a quelque malheur. César est trahi.

DEUXIÈME GARDE.

— Dolabella vient d’être envoyé par César… Appelez-le !

PREMIER GARDE, considérant Cléopâtre.

— Quelle est cette besogne ?… Charmion, cela est-il beau ?