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ANTOINE ET CLÉOPÂTRE.

LE PAYSAN.

Beaucoup de personnes, hommes et femmes. J’ai entendu parler de l’une d’elles, pas plus tard qu’hier ; une très-honnête femme, mais quelque peu adonnée au mensonge, ce qu’une femme ne doit jamais être, si ce n’est en tout honneur ; j’ai ouï comme quoi elle est morte de la morsure de la bête, quelle peine elle a sentie… Eh bien, vraiment, elle fait du reptile un excellent rapport. Mais celui qui croirait toutes les choses que disent les femmes ne serait pas sauvé de la moitié de celles qu’elles font. Ce qu’il y a de faillible, c’est que le reptile est un singulier reptile.

CLÉOPÂTRE.

Va-t’en d’ici. Adieu.

LE PAYSAN.

Je vous souhaite bien du plaisir avec le reptile.

Il dépose le panier.
CLÉOPÂTRE.

Adieu.

LE PAYSAN.

Il faut toujours vous rappeler, voyez-vous, que le reptile obéit à son instinct.

CLÉOPÂTRE.

Oui, oui, adieu.

LE PAYSAN.

Voyez-vous, le reptile ne doit être confié qu’à la garde de personnes prudentes ; car, vraiment, il n’y a pas de bonté dans le reptile.

CLÉOPÂTRE.

Sois sans inquiétude ; on y veillera.

LE PAYSAN.

Très-bien. Ne lui donnez rien, je vous prie, car il ne vaut pas la nourriture.