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ANTOINE ET CLÉOPÂTRE.
explications frivoles, — je ne veux plus dormir… Je ruinerai cette mortelle demeure, — en dépit de César. Sachez-le, monsieur, je ne veux pas — paraître garrottée à la cour de votre maître, — ni me laisser insulter par le regard hautain — de la stupide Octavie. Croient-ils donc qu’ils vont me traîner — et m’exhiber sous les huées de la valetaille — insolente de Rome ? Plutôt avoir un fossé de l’Égypte — pour ma plus douce sépulture ! Plutôt être couchée toute nue — sur la vase du Nil et y devenir la proie horrible des moustiques ! Plutôt avoir — pour gibet les hautes pyramides de mon pays — et y être pendue à des chaînes !
PROCULÉIUS.

Vous vous créez — des terreurs dont l’exagération vous sera prouvée — par César.

Entre Dolabella.
DOLABELLA.

Proculéius, — César, ton maître, sait ce que tu as fait — et t’envoie demander. Quant à la reine, — je la prends sous ma garde.

PROCULÉIUS.

Soit ! Dolabella, — j’y consens de grand cœur… Soyez bon pour elle.

À Cléopâtre.

— Je dirai à César ce qui vous plaira, — si vous voulez m’employer près de lui.

CLÉOPÂTRE.

Dites-lui que je voudrais mourir.

Proculéius sort.
DOLABELLA.

— Très-noble impératrice, vous avez entendu parler de moi ?