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ANTOINE ET CLÉOPÂTRE.

PROCULÉIUS.

— Mon nom est Proculéius.

CLÉOPÂTRE.

Antoine — m’a parlé de vous, et m’a dit de me fier à vous ; mais — je ne me soucie guère d’être trompée, — n’ayant plus que faire de la fidélité. Si votre maître — veut avoir une reine pour mendiante, allez lui dire — que la majesté, pour garder son décorum, ne peut — mendier moins qu’un royaume. S’il lui plaît — de me donner pour mon fils l’Égypte qu’il a conquise, — il me donnera, sur ce qui m’appartient, assez pour — que je le remercie à genoux.

PROCULÉIUS.

Ayez bonne espérance ; — vous êtes tombée entre des mains vraiment princières, ne craignez rien ; — ne doutez point de tout commettre au bon vouloir de mon seigneur : — sa générosité est si vaste qu’elle déborde — sur tous ceux qui la réclament. Laissez-moi lui annoncer — votre gracieuse soumission ; et vous trouverez — un vainqueur qui appellera la bonté à votre aide, — dès que vous implorerez sa clémence.

CLÉOPÂTRE.

Dites-lui, je vous prie, — que je suis la vassale de sa fortune et que je lui remets — l’autorité qu’il a conquise. Je m’instruis d’heure en heure — dans la science d’obéir, et je serai bien aise — de le voir face à face.

PROCULÉIUS.

Je vais le lui dire, chère dame ; — prenez courage, car je sais que votre malheur émeut de pitié — celui qui l’a causé.

Pendant la dernière partie de ce dialogue, des gardes ont dressé une échelle contre une fenêtre pratiquée au haut du monument. À peine Proculéius a-t-il achevé de parler qu’il s’élance au haut de l’échelle, suivi de deux soldats, et pénètre dans l’intérieur du mausolée (31).