Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 7.djvu/217

Cette page a été validée par deux contributeurs.
213
SCÈNE XXXVII.
valait le leur — avant qu’ils nous eussent volé notre trésor. Tout n’est plus que néant : — la patience est sottise et l’impatience — est bonne pour un chien enragé… Est-ce donc un crime — de s’élancer dans la secrète demeure de la mort, — avant que la mort ose venir à nous ? Comment vous trouvez-vous, femmes ? — Allons, allons, bon courage !… Eh bien, Charmion ! — Mes nobles filles !… Ah ! femmes, femmes ! voyez, — notre flambeau est consumé, il s’est éteint…
Aux gardes restés en bas.

Du courage, mes bons amis ! — Nous allons l’ensevelir, et puis, l’acte vraiment brave et vraiment noble, — nous l’accomplirons à la grande façon romaine, — et nous rendrons la mort fière de nous obtenir. Allons, sortons : — l’enveloppe de ce vaste esprit est déjà froide. — Ah ! femmes, femmes, nous n’avons plus pour amis — que notre courage et la fin la plus prompte.


Elles sortent, emportant le corps d’Antoine.

SCÈNE XXXVII.
[Le camp de César devant Alexandrie.]
Entrent César, Agrippa, Dolabella, Mécène, Gallus, Proculéius et autres.
CÉSAR.

— Allez à lui, Dolabella, sommez-le de se rendre ; dites-lui que, dans un pareil dénûment, — il nous oppose des délais dérisoires.

DOLABELLA.

J’obéis, César.

Sort Dolabella.