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ANTOINE ET CLÉOPÂTRE.
la sortie du camp ; je dois me rendre à mon poste, — sans quoi je l’aurais fait moi-même. Votre empereur — est toujours un Jupiter.
Il sort.
ÉNORARBUS, seul.

— Je suis le vrai scélérat de l’univers, — et je le sens tout le premier. Ô Antoine, — mine de générosité, de quel prix tu aurais payé — mes fidèles services, toi qui — couronnes d’or ma turpitude ! Mon cœur se gonfle : — si le remords violent ne le brise pas, un moyen plus violent — devancera le remords ; mais le remords suffira, je le sens ; — moi, combattre contre toi ! Non… Je veux chercher — un fossé où mourir ; le plus immonde est le meilleur — pour la fin de ma vie !

Il sort.

SCÈNE XXX.
[Le champ de bataille. Bruit de combat. Tambours et trompettes.]
Entre Agrippa, suivi d’autres combattants.
AGRIPPA.

— Retirons-nous, nous nous sommes engagés trop avant ; — César lui-même a de la besogne, et la résistance — excède ce que nous attendions.

Ils sortent.
Bruit de combat. Entrent Antoine et Scarus blessé.
SCARUS.

— Ô mon brave empereur, voilà ce qui s’appelle combattre ! — Si nous avions fait de même tout d’abord, ils auraient été repoussés jusque chez eux — avec des chiffons autour de la tête.