Souveraine d’Égypte, salut !
— Combien tu ressembles peu à Marc-Antoine ! — mais tu viens de sa part, et ce merveilleux élixir — t’a transfiguré et converti en or. — Comment va mon brave Marc-Antoine ?
— Savez-vous la dernière chose qu’il a faite, chère reine ? — Il a appliqué un baiser, le dernier après bien d’autres, — sur cette perle orientale… Ses paroles sont rivées à mon cœur.
— Il faut que mon oreille les en arrache.
« Ami, s’est-il écrié, — dis que le fidèle Romain envoie à la grande Égyptienne — ce trésor d’une huître ; pour racheter à ses pieds, — la mesquinerie de ce présent, je veux incruster — de royaumes son trône opulent ; tout l’Orient, — dis-le lui, la nommera sa maîtresse ! » Sur ce, il a fait un signe de tête — et il est monté gravement sur un coursier fougueux — qui hennissait si haut que, eussé-je voulu parler, — son cri bestial m’eût rendu muet !
Eh bien, était-il triste ou gai ?