Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 5.djvu/413

Cette page a été validée par deux contributeurs.
409
NOTES.

Mais elle ne voulut pas rester en arrière.
Ne s’étant pas mariée pour cela ;
Elle voulait vivre et mourir avec un homme si bon !
Et elle l’avoua sans détour.

Pour lors les Turcs menacèrent l’île
De Chypre d’une attaque,
Et Othello dut s’y rendre,
Et cela sans délai.
Vers Chypre tous deux font voile, sans que la crainte
Puisse toucher le cœur de la dame ;
Le seigneur qu’elle aimait, elle le savait près d’elle,
Et la mort même ne l’en séparerait pas.

Mais dès qu’ils vinrent à l’île de Chypre,
Ils reconnurent à leur grande joie
Que le ciel avait fait lui-même la bataille,
Et que les Turcs étaient coulés et noyés.
Un ouragan venait d’assaillir leur flotte
Qui presque toute avait péri,
Et vous avouerez qu’il était bien juste
Que le Croissant portât sa croix.

Tandis qu’ils séjournaient dans l’île,
Le malheur fut attiré sur eux
Par la perfidie d’un fourbe Espagnol
Que je vais maintenant vous dire.
Il était l’enseigne du More
Qui, tant ses menées étaient cachées,
Le crut honnête, loyal et sûr,
Jusqu’à ce qu’il reconnût la déception.

Iago était le nom du monstre
Qui depuis longtemps aimait la dame ;
Mais celle-ci avait repoussé ses prières,
Bien qu’avec une voix douce.
Pour cela il voua une rancune silencieuse
— À l’heureux More,
Et trouva sans délai un moyen
De rendre sa vengeance certaine.

Il y avait un capitaine de troupe,
— Appelé Cassio,
Que la nature avait fait de joyeuse humeur,
Et d’une constitution forte et généreuse.