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NOTES.

emprunté à la chronique de Holinshed. Le roi Cymbeline est un des successeurs du roi Lear et appartient, comme celui-ci, à cette dynastie païenne dont Brutus, petit-fils du héros Hector, passait pour le fondateur. Voici les détails que Holinshed donne sur ce prince presque fabuleux :

« Après la mort de Cassibelan, Théomantius ou Tenantius, le plus jeune fils de Lud, fut fait roi de Bretagne en l’an du monde 3921, depuis la fondation de Rome 706, et avant la venue du Christ 45. Il est nommé aussi dans une des chroniques anglaises Tormace ; dans la même chronique, il est rapporté que ce ne fut pas lui, mais son frère Androgée qui fut roi ; mais Geoffroy de Monmouth et d’autres certifient qu’Androgée abandonna complètement le pays et vécut continuellement à Rome, sachant que les Bretons le haïssaient pour la trahison qu’il avait commise en aidant Jules-César contre Cassibelan. Théomantius gouverna le pays en paix, et acquitta le tribut que Cassibelan avait consenti envers les Romains ; finalement, il quitta cette vie, après avoir régné vingt-deux ans, et fut enterré à Londres.

» Cymbeline ou Kymbeline, fils de Théomantius, fut fait roi des Bretons après le décès de son père, trente-trois ans avant la naissance de notre Sauveur. Cet homme (selon plusieurs écrivains) fut élevé à Rome, et là, fait chevalier par César Auguste, sous qui il servit dans les guerres, et fut en telle faveur auprès de lui, qu’il eut la liberté d’acquitter ou de refuser le tribut. Les écrivains varient touchant le nombre d’années que Cymbeline régna, mais les mieux accrédités affirment qu’il régna trente-cinq ans et qu’il fut enterré à Londres, laissant derrière lui deux fils, Guidérius et Arviragus. Mais ici il est à remarquer que, quoique nos Annales affirment que Cymbeline vécut en paix avec les Romains, aussi bien que son père Théomantius, et qu’il paya continuellement le tribut que les Bretons étaient convenus avec Jules César d’acquitter, cependant nous trouvons dans les auteurs romains qu’après la mort de Jules César, quand Auguste eut assumé le gouvernement de l’Empire, les Bretons refusèrent de payer ce tribut. Sur quoi, comme le rapporte Tacite, Auguste, étant occupé autrement, consentit à fermer les yeux, malgré les instantes prières que lui adressèrent, pour lui faire réclamer ses droits, ceux qui désiraient voir l’épuisement de la monarchie bretonne ; à la fin, cependant, dans la dixième année qui suivit la mort de Jules César, laquelle était environ la treizième du règne de Théomantius, Auguste fit des préparatifs pour passer en Bretagne avec une armée et s’avança dans la Gaule celtique, nous pourrions dire jusqu’au bout de la France.