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SCÈNE XIV.

II

Que personne ne le blâme ! J’approuve son dédain…

— Non, ce n’est pas là ce qui vient après… Écoute ! Qui est-ce qui frappe ?

ÉMILIA.

— C’est le vent.

DESDÉMONA.

J’appelais mon amour, amour trompeur ! Mais lui, il me répondait !
 Chantez le saule, le saule, le saule !
Si je courtise d’autres femmes, couchez avec d’autres hommes ! (51)

— Allons, va-t’en ! bonne nuit ! Mes yeux me démangent, — est-ce un présage de larmes ?

ÉMILIA.

Cela ne signifie rien.

DESDÉMONA.

— Je l’ai entendu dire ainsi… Oh ! ces hommes ! ces hommes… — Penses-tu, en conscience, dis-moi, Émilia, — qu’il y a des femmes qui trompent leurs maris — d’une si grossière façon ?

ÉMILIA.

Il y en a, sans nul doute.

DESDÉMONA.

— Ferais-tu une action pareille pour le monde entier ?

ÉMILIA.

— Voyons, ne la feriez-vous pas ?

DESDÉMONA.

Non, par cette lumière céleste !

ÉMILIA.

— Ni moi non plus, par cette lumière céleste ; — je la ferais aussi bien dans l’obscurité !

DESDÉMONA.

— Ferais-tu une action pareille pour le monde entier ?