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OTHELLO.
— qui était amoureuse ; celui qu’elle aimait devint capricieux — et l’abandonna. Elle avait une chanson du Saule ; — c’était une vieille chose, mais qui exprimait bien sa situation, — et elle mourut en la chantant. Ce soir, ce chant-là — ne peut pas me sortir de l’esprit (50) ! j’ai grand’peine — à m’empêcher d’incliner la tête de côté — et de la chanter, comme la pauvre Barbarie… Je t’en prie, dépêche-toi.
ÉMILIA.

Irai-je chercher votre robe de nuit ?

DESDÉMONA.

Non, dégrafe-moi ici… — Ce Lodovico est un homme distingué.

ÉMILIA.

— Un très-bel homme.

DESDÉMONA.

Il parle bien. —

ÉMILIA.

Je connais une dame, à Venise, qui serait allée pieds nus en Palestine pour un attouchement de sa lèvre inférieure.

DESDÉMONA, chantant.
I

La pauvre âme assise soupirait près d’un sycomore.
 Chantez tous le saule vert !
Sa main sur sa tête, sa tête sur ses genoux.
 Chantez le saule, le saule, le saule,
Les frais ruisseaux coulaient près d’elle et murmuraient ses plaintes.
 Chantez le saule, le saule, le saule.

Donnant quelque objet de toilette à Émilia.

Mets ceci de côté.

Chantez le saule, le saule, le saule.

Je t’en prie, hâte-toi. Il va rentrer.

Chantez tous le saule vert dont je ferai ma guirlande !