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SCÈNE XIII.
leures raisons que jamais de te croire, c’est-à-dire de la résolution, du courage et de la valeur, que cette nuit même le montre ! Et si, la nuit prochaine, tu ne possèdes pas Desdémona, enlève-moi de ce monde par un guet-apens, et imagine pour ma mort toutes les tortures.
RODERIGO.

Voyons, de quoi s’agit-il ? Est-ce dans les limites de la raison et du possible ?

IAGO.

Seigneur, il est arrivé des ordres exprès de Venise pour mettre Cassio à la place d’Othello.

RODERIGO.

Vraiment ! Alors, Othello et Desdémona retournent à Venise.

IAGO.

Oh ! non. Il va en Mauritanie, et il emmène avec lui la belle Desdémona, à moins que son séjour ici ne soit prolongé par quelque accident ; or, il ne peut y en avoir de plus décisif que l’éloignement de Cassio.

RODERIGO.

Qu’entendez-vous par son éloignement ?

IAGO.

Eh bien ! le rendre incapable de remplacer Othello : lui faire sauter la cervelle.

RODERIGO.

Et c’est là ce que vous voulez que je fasse ?

IAGO.

Oui, si vous osez vous rendre à vous-même service et justice. Il soupe cette nuit avec une drôlesse, et je dois aller le rejoindre : il ne sait rien encore de son honorable promotion. Si vous voulez le guetter à sa sortie de la maison (je ferai en sorte qu’elle ait lieu entre minuit et une heure), vous pourrez l’assaillir à votre aise ; je serai tout près pour seconder votre attaque, et il tombera entre