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OTHELLO.
m’avez rapporté le consolant espoir d’une faveur et d’une récompense prochaine ; mais je ne vois rien encore.
IAGO.

Bien, continuez ! Fort bien !

RODERIGO.

Fort bien ! Continuez ! Je ne puis continuer, l’homme, et ce n’est pas fort bien. Par cette main levée, je dis que c’est fort laid et je commence à trouver que je suis dupe.

IAGO.

Fort bien !

RODERIGO.

Je vous dis que ce n’est pas fort bien ! Je me ferai connaître à Desdémona. Si elle me rend mes bijoux, j’abandonne ma poursuite, et je me repens de mes sollicitations illégitimes. Sinon, soyez sûr que je réclamerai de vous satisfaction.

IAGO.

Avez-vous tout dit ?

RODERIGO.

Oui, et je n’ai rien dit que je ne sois hautement résolu à faire.

IAGO.

Comment ! mais je vois qu’il y a de la fougue en toi ; et même, à dater de ce moment, je fonde sur toi une opinion meilleure que jamais. Donne-moi ta main, Roderigo. Tu as pris contre moi un juste déplaisir ; mais pourtant je proteste que j’ai agi dans ton affaire avec la plus grande droiture.

RODERIGO.

Il n’y a pas paru.

IAGO.

J’accorde, en vérité, qu’il n’y a pas paru ; et ta défiance n’est pas dénuée d’esprit ni de jugement. Mais, Roderigo, si tu as vraiment en toi ce que j’ai de meil-