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INTRODUCTION.

se faire sarrasin. C’est alors que le roi de Grenade, ayant obtenu le concours des rois de Tarse, d’Alméria, de Maroc et de Turquie, se décide à marcher contre l’empereur Lothaire pour rétablir le père de Denise sur le trône d’Espagne. Les deux armées sont en présence : d’un côté, les six rois coalisés ; de l’autre l’empereur, aidé de ses vassaux et de Bérenger l’usurpateur. C’est en ce moment critique que Denise, qui, sous le nom de Denis, porte l’étendard du roi de Grenade, propose d’éviter l’effusion du sang par une démarche auprès de l’empereur. La proposition est acceptée. Le faux écuyer se rend dans la tente de Lothaire, dénonce Bérenger comme un fourbe qui a calomnié sa sœur, et le provoque. Ce duel inégal va avoir lieu, lorsque Othon, repenti de ses erreurs, survient et se fait reconnaître de l’empereur son oncle. Il réclame et obtient la faveur de se mesurer le premier avec le traître dont Dieu même lui a révélé l’imposture. Aussitôt s’engage entre les deux adversaires une lutte terrible qui, par son acharnement, rappelle le combat de Gérard et de Lisiart dans le Roman de la Violette.

Comme Lisiart, Bérenger est vaincu : comme Lisiart, il avoue son crime. Alors Denise n’hésite plus à dire qui elle est ; elle montre même un peu sa gorge pour que personne ne doute de son sexe. Émotion générale. Le mari retrouve sa femme ; le père reconnaît sa fille ! Dans sa joie de revoir Denise, Alphonse abandonne à son gendre la couronne d’Espagne, et, en compensation, reçoit de la munificence impériale le royaume de Mirabel. Tout le monde est satisfait, excepté Bérenger, qui se voit livré au bourreau, et la pièce se termine par l’éloge mérité du Très-Haut.

Ha, biau sire Diex ! tost ou tart
Rends-tu des biens, faiz les mérites
Et de punir les maux t’aquittes.