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OTHELLO.
quitté ma femme. Qu’est-ce que tu n’aimais pas ? — Puis, quand je t’ai dit qu’il était dans ma confidence — pendant tout le cours de mes assiduités, tu as crié : Vraiment ! — Et tu as contracté et froncé le sourcil — comme si tu avais enfermé dans ton cerveau — quelque horrible conception. Si tu m’aimes, — montre-moi ta pensée.
IAGO.

— Monseigneur, vous savez que je vous aime.

OTHELLO.

Je le crois ; — et, comme je sais que tu es plein d’amour et d’honnêteté, — que tu pèses tes paroles avant de leur donner le souffle, — ces hésitations de ta part m’effrayent d’autant plus. — Chez un maroufle faux et déloyal, de telles choses — sont des grimaces habituelles : mais chez un homme qui est probe, — ce sont des dénonciations secrètes qui fermentent d’un cœur — impuissant à contenir l’émotion.

IAGO.

Pour Michel Cassio, — j’ose jurer que je le crois honnête.

OTHELLO.

— Je le crois aussi.

IAGO.

Les hommes devraient être ce qu’ils paraissent ; — ou plût au ciel qu’aucun d’eux ne pût paraître ce qu’il n’est pas !

OTHELLO.

— Certainement, les hommes devraient être ce qu’ils paraissent.

IAGO.

Eh bien, alors, — je pense que Cassio est un honnête homme.

OTHELLO.

— Non ! Il y a autre chose là-dessous. — Je t’en prie,