Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 5.djvu/312

Cette page a été validée par deux contributeurs.
308
OTHELLO.

DESDÉMONA.

Comment ! mais ceci n’est point une faveur ; — c’est comme si je vous priais de mettre vos gants, — de manger des mets nourrissants ou de vous tenir chaudement, — comme si je vous sollicitais de prendre un soin particulier — de votre personne. Ah ! quand je vous demanderai une concession, — dans le but d’éprouver réellement votre amour, — je veux qu’elle soit importante, difficile — et périlleuse à accorder.

OTHELLO.

Je ne te refuserai rien ; — mais toi, je t’en conjure, accorde-moi la grâce — de me laisser un instant à moi-même.

DESDÉMONA.

— Vous refuserai-je ? Non. Au revoir, monseigneur.

OTHELLO.

— Au revoir, ma Desdémona ; je vais te rejoindre à l’instant.

DESDÉMONA.

— Viens, Émilia.

À Othello.

Qu’il soit fait au gré de vos caprices ! — Quels qu’ils soient, je suis obéissante.

Elle sort avec Émilia.
OTHELLO.

— Excellente créature ! que la perdition s’empare de mon âme — si je ne t’aime pas ! Va, quand je ne t’aimerai plus, — ce sera le retour du chaos.

IAGO.

— Mon noble seigneur…

OTHELLO.

Que dis-tu, Iago ?

IAGO.

— Est-ce que Michel Cassio, quand vous faisiez votre cour à madame, — était instruit de votre amour ?