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SCÈNE IX.

DESDÉMONA.

— Mais sera-ce bientôt ?

OTHELLO.

Le plus tôt possible, ma charmante, pour vous plaire.

DESDÉMONA.

— Sera-ce ce soir au souper ?

OTHELLO.

Non, pas ce soir.

DESDÉMONA.

— Demain, au dîner, alors ?

OTHELLO.

Je ne dînerai pas chez moi ; — je vais à un repas d’officiers, à la citadelle.

DESDÉMONA.

— Alors, demain soir ! ou mardi matin ! — ou mardi après-midi ! ou mardi soir ! ou mercredi matin !… — Je t’en prie, fixe une époque, mais qu’elle — ne dépasse pas trois jours ! Vrai, il est bien pénitent ; — et puis, aux yeux de notre raison vulgaire, — n’était la guerre qui exige, dit-on, qu’on fasse exemple — même sur les meilleurs, son délit est tout au plus une faute — qui mérite une réprimande privée. Quand reviendra-t-il ? — Dites-le-moi, Othello… Je cherche dans mon âme — ce que, si vous me le demandiez, je pourrais vous refuser — ou hésiter autant à vous accorder. Quoi ! ce Michel Cassio, — qui vous accompagnait dans vos visites d’amoureux et qui, si souvent, — lorsque j’avais parlé de vous défavorablement, — prenait votre parti ! Faut-il tant d’efforts — pour le ramener à vous ? Croyez-moi, je pourrais faire beaucoup…

OTHELLO.

— Assez, je te prie ; qu’il revienne quand il voudra ! — je ne veux rien te refuser.