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SCÈNE III.
nues de vous mieux que de personne. Aussi, quoique nous ayons là un lieutenant d’une capacité bien prouvée, l’opinion, cette arbitre souveraine des décisions, vous adresse son appel de suprême confiance. Il faut donc que vous vous résigniez à assombrir l’éclat de votre nouvelle fortune par les orages de cette rude expédition.
OTHELLO.

— Très graves sénateurs, ce tyran, l’habitude, — a fait de la couche de la guerre, couche de pierre et d’acier, — le lit de plume le plus doux pour moi. Je le déclare, — je ne trouve mon activité, mon énergie naturelle, — que dans une vie dure. Je me charge — de cette guerre contre les Ottomans. — En conséquence, humblement incliné devant votre gouvernement, — je demande pour ma femme une situation convenable, — les priviléges et le traitement dus à son rang, avec une résidence et un train — en rapport avec sa naissance.

LE DOGE.

Si cela vous plaît, elle peut aller chez son père.

BRABANTIO.

— Je n’y consens pas.

OTHELLO.

Ni moi.

DESDÉMONA.

— Ni moi. Je n’y voudrais pas résider, — de peur de provoquer l’impatience de mon père — en restant sous ses yeux. Très-gracieux doge, — prêtez à mes explications une oreille indulgente, — et laissez-moi trouver dans votre suffrage une charte — qui protège ma faiblesse.

LE DOGE.

Que désirez-vous, Desdémona ?

DESDÉMONA.

— Si j’ai aimé le More assez pour vivre avec lui, — ma