Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 5.djvu/235

Cette page a été validée par deux contributeurs.
231
SCÈNE XXVII.
à mon plan de vous les enlever. Mais, gracieux seigneur, — voici vos fils : en vous les rendant, je perds — deux compagnons des plus charmants du monde. — Que les bénédictions du ciel qui nous couvre — tombent sur leurs têtes comme la rosée ! Car ils sont dignes — d’ajouter deux astres aux cieux !
Il essuie une larme.
CYMBELINE.

Tu pleures, en me parlant. — Le service que vous avez rendu tous trois est plus — extraordinaire que ce que tu dis. J’avais perdu mes enfants. — Si ce sont eux que je vois, je ne saurais souhaiter — deux plus nobles fils.

BÉLARIUS.

Attendez un peu… — Ce gentilhomme que j’appelais Polydore — est votre Guidérius, ô digne prince. — Cet autre, mon Cadwall, est Arviragus, — votre plus jeune fils ; il était emmailloté, seigneur, — dans un magnifique manteau, brodé de la main — de la reine sa mère, et que, pour mieux vous convaincre, — il m’est facile de produire.

CYMBELINE.

Guidérius — avait au cou un signe, une étoile couleur de sang ; — c’était une marque bizarre.

BÉLARIUS.

C’est celui-ci. — Il a toujours sur lui ce sceau naturel ; — la sage nature a voulu, en lui donnant, — qu’il le fît reconnaître aujourd’hui.

CYMBELINE.

Oh ! il m’est — donc né trois enfants à la fois ? Jamais mère — ne fut plus heureuse de sa délivrance. Soyez bénis, — vous, qui après cet étrange éloignement de votre sphère, — revenez maintenant y régner !… Ô Imogène, — tu y perds un royaume.