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SCÈNE XXVII.

BÉLARIUS.

Arrête, seigneur roi. — Cet homme est plus grand que celui qu’il a tué : — il est aussi bien né que toi-même, et il t’a — rendu plus de services qu’une bande de Clotens — n’aurait reçu de balafres pour ta défense.

Aux gardes qui vont attacher Guidérius.

Lâchez-lui les bras ; — ils ne sont pas faits pour les chaînes.

CYMBELINE.

Eh bien, vieux soldat, — veux-tu donc annuler les mérites dont le prix t’est dû encore, — en tâtant de notre colère ? Comment serait-il de naissance — aussi bonne que nous ?

ARVIRAGUS.

Pour cela, il a été trop loin.

CYMBELINE, à Guidérius.

— Et toi, tu n’en mourras pas moins.

BÉLARIUS.

Nous mourrons tous trois ; — mais je prouverai que deux d’entre nous ont l’auguste origine — que je lui ai attribuée… Mes fils, il faut — que je fasse une révélation dangereuse pour moi, — mais peut-être heureuse pour vous.

ARVIRAGUS.

Votre danger — est le nôtre.

GUIDÉRIUS.

Et notre bonheur, le sien.

BÉLARIUS.

Puisque j’y suis autorisé, soit ! — Grand roi, tu avais un sujet — appelé Bélarius.

CYMBELINE.

Après ? C’est — un traître banni.

BÉLARIUS.

C’est l’homme, — ridé par l’âge, qui te parle. Un banni, en effet ; — mais traître, je ne sais pas comment.