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CYMBELINE.
poche : l’avis qu’elle était censée contenir — décida Cloten — à aller chercher la princesse dans les montagnes voisines de Milford. — Aussitôt, pris de frénésie, couvert des vêtements de mon maître, — qu’il m’avait extorqués, il courut dans l’infâme dessein de violer — l’honneur de ma maîtresse. Ce qu’il est devenu, — je n’en sais rien.
GUIDÉRIUS.

À moi d’achever son récit : — je l’ai tué.

CYMBELINE.

Ah ! que les dieux nous en préservent ! — Je ne voudrais pas que tes services n’arrachassent — de mes lèvres qu’une rigoureuse sentence. Je t’en prie, vaillant jeune homme, — rétracte-toi.

GUIDÉRIUS.

Je l’ai dit et je l’ai fait.

CYMBELINE.

C’était un prince.

GUIDÉRIUS.

— Un prince fort incivil. Les outrages qu’il m’a faits — n’avaient rien de princier : car il m’a provoqué — dans un langage qui m’aurait fait flageller la mer, — si elle avait ainsi rugi. J’ai coupé sa tête, — et je suis bien aise qu’il ne soit pas ici — pour en dire autant de la mienne.

CYMBELINE.

J’en suis fâché pour toi. — Tu es condamné par ta propre bouche, et tu dois — subir notre loi. Tu es mort.

IMOGÈNE.

Ce cadavre décapité, — je l’ai pris pour celui de mon seigneur.

CYMBELINE.

Qu’on enchaîne le coupable, — et qu’on l’emmène hors de notre présence !

Les gardes entourent Guidérius.