Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 5.djvu/220

Cette page a été validée par deux contributeurs.
216
CYMBELINE.

Je veux l’ajouter — à la vôtre, ô vous, bras, cœur, cerveau de la Bretagne, — vous par qui je conviens qu’elle vit ! Il est temps maintenant — de vous demander d’où vous venez… Dites-le.

BÉLARIUS.

Sire, — nous sommes nés en Cambrie, et gentilshommes. — Prétendre rien de plus ne serait ni juste ni modeste, — à moins que je n’ajoute que nous sommes d’honnêtes gens.

CYMBELINE.

Pliez le genou.

Tous trois s’agenouillent. Le roi tire son épée et les frappe du plat sur l’épaule.

— Relevez-vous, mes chevaliers de bataille : je vous crée — compagnons de notre personne, et je veux vous investir — de dignités conformes à votre rang.

Entrent Cornélius et les dames de la reine.

— Il y a du trouble dans ces visages… Pourquoi saluez-vous si tristement notre victoire ? On vous croirait Romains, — et non de la cour de Bretagne.

CORNÉLIUS.

Salut, grand roi ! — Dussé-je aigrir votre bonheur, je dois vous annoncer — que la reine est morte.

CYMBELINE.

À qui ce message — peut-il convenir plus mal qu’à un médecin ? Mais, j’y songe, — la science a beau prolonger la vie, la mort — doit saisir le docteur lui-même… Comment a-t-elle fini ?

CORNÉLIUS.

— Par une horrible mort, frénétique comme sa vie : — sans cesse cruelle au monde, elle a fini par être — plus cruelle pour elle-même. Ce qu’elle a avoué, — je vous le répéterai, si cela vous plaît. Voici ses femmes ;