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SCÈNE XX.
l’ordre que nos troupes disponibles — soient rangées en bataille ; dites aux capitaines d’y veiller…
Au devin.

Eh bien, maître, — qu’avez-vous rêvé récemment touchant l’issue de cette guerre ?

LE DEVIN.

— La nuit dernière, les dieux eux-mêmes m’ont envoyé une vision ; j’avais jeûné et prié pour obtenir leur lumière. Voici : — j’ai vu l’oiseau de Jupiter, l’aigle romaine, s’envoler — du sud nébuleux vers ce côté du couchant, — et là s’évanouir dans les rayons du soleil : ce qui — (à moins que mes péchés n’aient obscurci ma prescience) — présage le succès de l’armée romaine.

LUCIUS.

Fais souvent des rêves pareils, — et toujours véridiques…

Apercevant le cadavre de Cloten.

Doucement ! Oh ! quel est ce tronc — décapité ? Cette ruine annonce que jadis — elle a été un noble édifice…

Apercevant Imogène.

Eh quoi, un page ! — Mort ou endormi sur l’autre ! Il doit être mort ; — car la nature a horreur de faire lit commun — avec un mort ou de dormir sur un cadavre… — Voyons le visage de ce garçon.

LE CAPITAINE.

Il est vivant, monseigneur.

LUCIUS.

— Alors il nous expliquera ce corps mutilé…

À Imogène qui s’est redressée.

Jeune homme, — informe-nous de tes aventures ; car, il semble — qu’elles implorent les questions. Quel est celui — dont tu fais ton oreiller sanglant ? Ou qui donc — a altéré cette belle image — peinte par la noble na-